WASHINGTON, D.C., 8 janvier 2008
— À en croire un nouveau rapport publié par l’IFC, membre du Groupe de la Banque mondiale, les dépenses de santé devraient doubler au cours des 10 prochaines années en Afrique subsaharienne. Pour satisfaire cette demande, il faudra mobiliser entre 25 et 30 milliards de dollars, la contribution du secteur privé étant décisive.
Ce rapport, financé en partie par la Fondation Bill & Melinda Gates, a incité l’IFC et ses partenaires à annoncer une nouvelle stratégie pour s’attaquer aux problèmes de santé de l’Afrique, qui constituent un facteur clé de la pauvreté dans la région. Il s’agit de mobiliser jusqu’à 1 milliard de dollars au cours des cinq prochaines années, sous forme d’investissements et de services-conseils, pour donner une impulsion à des services de soins de santé socialement responsables.
« C’est une grande opportunité à saisir pour étendre l'accès de millions d’Africains aux soins de santé », a déclaré M. Lars Thunell, Vice-président exécutif et Directeur général de l’IFC. « Si nous parvenons à rassembler les acteurs essentiels — pouvoirs publics, bailleurs de fonds, investisseurs et prestataires des soins de santé — pour tirer le meilleur parti du potentiel du secteur privé de santé et intégrer efficacement ses activités aux systèmes publics, nous parviendrons aussi à améliorer grandement la qualité des soins », a ajouté M. Thunell. « Le secteur privé assure d’ores et déjà la fourniture d’à peu près la moitié des biens et services de soins de santé dans la région. À l’heure actuelle en Afrique, une femme pauvre a autant de chances d’amener son enfant malade dans un hôpital ou un dispensaire privé que dans un établissement public ».
« Je suis ravi de voir l’IFC aller de l’avant avec sa nouvelle stratégie d’investissement, qui est un moyen prometteur d’élargir l’accès à d’importants services de santé », a indiqué le docteur Tadataka Yamada, Président du Programme Mondiale de Santé de la Fondation Bill & Melinda Gates. « Le rapport de l’IFC souligne le rôle appréciable que joue le secteur privé d’Afrique subsaharienne en réalisant des interventions en matière de santé, notamment la fourniture de services cruciaux aux pauvres. Il présente par ailleurs des arguments convaincants en faveur de l’investissement de fonds privés qui cherchent à obtenir des rendements financiers et sociaux sur le capital ».
Le rapport a bénéficié des contributions d’un large éventail de parties prenantes, dont des autorités administratives, des investisseurs et des membres de la société civile. Il indique clairement que le secteur privé — institutions à but lucratif et non lucratif — n’apporte qu’un élément de solution au problème et qu’il doit travailler avec le secteur privé pour mettre en place des systèmes de soins de santé viables, durables et équitables. Le rapport précise cependant que le recours au secteur privé est parfois la seule solution possible qui s’offre aux populations vivant dans les régions rurales éloignées ou dans les taudis urbains.
D’ici à 2016, les dépenses de soins de santé de l’Afrique atteindront probablement les 35 milliards de dollars, en hausse par rapport au chiffre de 17 milliards de dollars enregistré en 2005. Le rapport signale qu’en moyenne, les populations d’Afrique subsaharienne jouissent du pire état de santé au monde. Il recommande aux bailleurs de fonds et aux pouvoirs publics de songer à recourir aux prestataires privés et aux programmes de mise en commun des risques pour joindre les pauvres.
L’IFC collaborera avec les bailleurs de fonds, les institutions de financement du développement et d’autres entités pour mobiliser jusqu’à 850 millions de dollars en faveur du développement d’un secteur privé de santé socialement responsable en Afrique au cours des cinq prochaines années. L’IFC et ses partenaires mobiliseront en outre un montant atteignant 150 millions de dollars au profit d’un nombre d’initiatives visant à améliorer l’environnement opérationnel des organisations de soins de santé privées
(se reporter à la Fiche de renseignements ci-jointe pour de plus amples informations).
Les efforts de l’IFC constituent un élément clé de la stratégie plus générale du Groupe de la Banque mondiale en matière de santé, de nutrition et de population, et ils témoignent d’une ferme volonté d’aider les pays africains à atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire à l’horizon 2015.
«Le rapport de l’IFC offre l’analyse la plus exhaustive à ce jour du secteur privé de santé de l’Afrique subsaharienne », a noté le professeur Eyitayo Lambo, éminent économiste international de la santé et ex-Ministre de la Santé du Nigéria, qui a siégé au comité directeur du projet. « La nouvelle stratégie de l’IFC met en évidence les premières importantes mesures prises pour donner suite aux conclusions du rapport. Elle propose de nouvelles méthodes par lesquelles les organisations de soins de santé peuvent accéder aux capitaux et à des services-conseils de calibre mondial tout en œuvrant à renforcer le climat des affaires. J’ai bon espoir qu’elle créera un environnement propice au changement, offrira des solutions pratiques et facilitera l’investissement durable».
M. Guy Ellena, Directeur du Département de la santé et de l’éducation de l’IFC, a conclu en ces termes : « L’IFC est engagée à appuyer le secteur privé des soins de santé en Afrique subsaharienne afin d’améliorer la santé des populations et de faire reculer la pauvreté, et la coopération avec nos partenaires nous aidera à comprendre ce qui marche et ce qui est inefficace. Je suis très heureux de constater que la Banque africaine de développement a été l’une des premières institutions de financement du développement à soutenir l’initiative et à accepter de collaborer avec nous pour établir l’instrument de prise de participation, qui est une composante majeure de notre stratégie ».
À l’avenir, l’IFC et ses partenaires continueront de collaborer avec les parties prenantes. Il est prévu d’organiser au cours du 2008 une série de forums sur la santé et l’investissement au Cameroun, au Kenya, au Nigéria, au Sénégal et en Afrique du Sud, ainsi que des réunions de la société civile en Europe.
À propos de l’IFC
L’IFC, membre du Groupe de la Banque mondiale, œuvre à stimuler une croissance économique durable dans les pays en développement en finançant l’investissement du secteur privé, en mobilisant du capital privé sur les marchés financiers nationaux et internationaux et en proposant des services de conseil et d’atténuation des risques aux entreprises et aux gouvernements. La vision de l’IFC est que les personnes pauvres aient la possibilité de sortir de la pauvreté et d’améliorer leur niveau de vie. Pendant l’exercice 07, l’IFC a engagé 8,2 milliards de dollars et a mobilisé un montant supplémentaire de 3,9 milliards de dollars via des participations aux prêts et des financements structurés, au profit de 299 projets dans 69 pays en développement. L’IFC a par ailleurs fourni des services-conseils dans 97 pays. Pour de plus amples renseignements, consulter le site
www.ifc.org
.
FICHE DE RENSEIGNEMENTS
Contexte
En moyenne, les populations d’Afrique subsaharienne jouissent du pire état de santé au monde. La région abrite 11 % de la population de la planète, mais supporte 24 % de la charge de morbidité mondiale. Avec moins de 1 % des dépenses de santé et seulement 3 % des agents de santé du monde, l’Afrique enregistre près de la moitié des décès des enfants de moins de cinq ans du globe, elle affiche le plus fort taux de mortalité maternelle, tandis que le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme y font des ravages considérables. La région ne dispose pas de l’infrastructure nécessaire pour fournir ne serait-ce que des soins de santé de base à un grand nombre de sa population. L’ampleur du problème incite à réévaluer les approches traditionnelles et à reconnaître de plus en plus que le recours au secteur privé doit être un élément essentiel de la stratégie globale de la santé de la région.
Principales constatations
Le secteur privé joue déjà un rôle important dans la fourniture et le financement des soins de santé en Afrique. En moyenne, il assure la fourniture de 50 % des biens et des services de l’industrie, 60 % du financement de ces biens et services provenant de sources privées.
Il arrive que le recours au secteur privé soit la seule solution possible pour assurer la prestation des services de soins de santé dans les régions rurales éloignées et dans les taudis urbains où vivent les pauvres. Les prestataires privés (notamment ceux à but lucratif et non lucratif) passent souvent pour desservir uniquement les riches et les membres de l’élite en Afrique, alors qu’en réalité ils fournissent des services à une clientèle appartenant à tous les niveaux de revenu et ont un large champ d’action géographique.
Les dépenses de santé du continent continueront à connaître une croissance rapide, le secteur privé y jouant un rôle clé. Ces dépenses devraient plus que doubler au cours des dix prochaines années, passant de 16,7 milliards de dollars en 2005 à environ 35 milliards de dollars en 2016. Pour satisfaire cette demande, il faudra approximativement 25 à 30 milliards de dollars d’investissements, dont 60 % devrait provenir du secteur privé.
Le secteur privé n’apporte certes qu’un élément de solution aux problèmes de santé de l’Afrique, mais il est susceptible d’opérer d’importantes améliorations, telles que l’élargissement de l’accès des populations les plus pauvres aux services de santé et l’allégement du fardeau financier supporté par les pouvoirs publics.
Parmi les obstacles qui entravent la mise en place d’un secteur de soins de santé privé productif, on peut citer un accès difficile au capital, une réglementation pesante, la pénurie de travailleurs qualifiés et l’absence de mécanismes de mise en commun des risques pouvant permettre de mobiliser des ressources au profit des prestataires et d’appuyer la croissance d’un secteur de soins de santé privé bien organisé en Afrique.
La stratégie de l’IFC
Afin de donner suite à ces constatations et d’aider l’Afrique à s’attaquer aux problèmes de soins de santé auxquels elle est confrontée — notamment en améliorant la fourniture des services aux pauvres — l’IFC collaborera avec les milieux d’affaires, les intermédiaires financiers, les décideurs et les bailleurs de fonds nationaux, ainsi qu’avec d’autres parties prenantes de la communauté internationale, pour essayer de résoudre ces difficultés.
L’IFC et ses partenaires ont l’intention de mobiliser jusqu’à 1 milliard de dollars pour appuyer l’investissement et les services-conseils au cours des cinq prochaines années.
La stratégie de l’IFC prévoit de :
Créer un instrument de prise de participation
(s’élevant au départ à 100 millions de dollars et devant atteindre 300 à 350 millions de dollars au bout de cinq ans) pour permettre aux entrepreneurs et aux entreprises de soins de santé, y compris ceux qui interviennent dans le domaine de la formation médicale, de mieux accéder aux fonds propres et aux compétences techniques.
Collaborer avec les institutions financières nationales
pour élargir l’accès des organisations de soins de santé à la dette à long terme (400 à 500 millions de dollars sur cinq ans).
Fournir des services-conseils pour renforcer les capacités
des intermédiaires financiers nationaux et des entreprises de soins de santé auxquelles ils octroient des prêts.
Étendre les activités de l’équipe de l’IFC chargée des sciences de la vie
dans la région.
Contribuer à développer la formation des agents de santé
grâce à des partenariats public-privé.
Encourager la mise en place de compagnies d’assurance maladie
.
Créer un meilleur environnement
favorable à l’expansion
du secteur privé des soins de santé
, notamment :
en appuyant une évaluation approfondie, au niveau national, du cadre de l’activité économique en ce qui concerne le secteur privé des soins de santé
en collaborant avec les pouvoirs publics pour réformer la réglementation régissant le secteur privé des soins de santé et pour développer les partenariats public-privé officiels
en publiant un rapport semestriel mettant en exergue le climat de l’investissement dans les soins de santé à l’échelle de l’Afrique, ainsi que les modèles réussis d’interactions public-privé et d’activité du secteur privé.
Un climat de l’investissement en évolution
Le climat de l’investissement de l’Afrique devient plus attrayant pour les entrepreneurs et les investisseurs. Des augmentations spectaculaires de l’investissement étranger direct et de la prise de participation privée, la réalisation de gains substantiels au niveau des indices boursiers et l’amélioration de la stabilité politique contribuent toutes à expliquer cette complète transformation. Les économies sont également plus stables : l’Afrique a enregistré un taux moyen de croissance annuelle du PIB de 5 % au cours des sept dernières années, et l’on prévoit que cette solide croissance se poursuivra jusqu’en 2010. Le taux moyen d’inflation a baissé pendant ce temps, passant de 16 % à moins de 8 %. Ces facteurs constituent une combinaison gagnante pour les investisseurs privés intervenant dans nombre de secteurs — notamment celui des soins de santé — qui auraient peut-être évité l’Afrique dans le passé.
Des opportunités dans le secteur des soins de santé
Parmi les possibilités d’investissement en Afrique au cours de la prochaine décennie figurent celles ayant trait au renforcement de la capacité physique et à la dotation en personnel en vue de la fourniture des soins de santé. Compte tenu de l’évolution récente de la demande, il conviendra d’ajouter plus d’un demi-million de lits d’hôpital au stock existant de 850 000 lits. La région aura par ailleurs besoin de 90 000 médecins supplémentaires, d’un demi-million d’infirmiers de plus, et de 300 000 agents de santé communautaire en sus des effectifs qui devraient sortir des établissements de formation existants. Il y a par ailleurs une demande de meilleurs systèmes de distribution et de vente au détail, ainsi que d’installations de fabrication de produits pharmaceutiques et de fournitures médicales. En tout, de nouveaux investissements d’un montant de 15 à 20 milliards de dollars — que le secteur privé devrait financer à hauteur d’environ 60 % — seront nécessaires d’ici à 2016. Tous ces facteurs offriront des opportunités aux investisseurs dans le secteur privé des soins de santé.
Préparation du rapport
Le rapport a étudié quelques sous-secteurs de fourniture des soins de santé (notamment les soins aux patients hospitalisés et en clinique externe, la vente au détail et la distribution, l’assurance, et la formation médicale). Les pays couverts étaient la République démocratique du Congo, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, le Nigéria, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie et l’Ouganda. L’Afrique du Sud a également été incluse dans l’étude, relativement à la fabrication de produits pharmaceutiques et d’équipements médicaux. (Les autres dimensions du secteur privé des soins de santé de l’Afrique du Sud sont considérées comme étant plus avancées que partout ailleurs dans la région).
Le rapport a été préparé par une équipe du Département de la santé et de l’éducation de l’IFC et il repose sur une analyse indépendante effectuée par le cabinet McKinsey & Company. Pendant une période de six mois, une équipe formée de consultants de McKinsey a sillonné l’Afrique subsaharienne pour réunir des informations et en apprendre sur les défis et les opportunités qui se présentent au secteur privé des soins de santé. Les membres de l’équipe ont élaboré des approches de détermination de la taille des marchés ; consulté près de 400 parties prenantes issues des secteurs privé, public et à but non lucratif ; et reçu des contributions de leurs spécialistes en santé publique mondiale, en marchés financiers et en développement économique.
NOTE :
Pour prendre connaissance du rapport, veuillez consulter le site
www/ifc.org/SanteenAfrique
. Pour recevoir un exemplaire imprimé du rapport, veuillez envoyer une demande en ce sens par courriel à l’adresse
healthinafrica@ifc.org
. Les versions française et portugaise du rapport seront disponibles en ligne et sous forme imprimée fin février 2008.